amelon de rocher qui émerge à peine du sol, a l'abri des inondations de
la rivière. Elle a une abside principale à trois pans à l'extérieur, une
abside secondaire à droite de la première dans l'intérieur, et n'est
formée que d'une seule travée. Sa porte est au sud, comme dans les
temples, toutes ses ouvertures, les chapiteaux de ses pilastres, et même
les arêtes de ses voûtes, sont ornées de dents de scies, de pointes de
diamant, de lignes, d'épis, de marques d'ouvriers, de toutes sortes
d'enlacements dits carolingiens ; mais la partie la plus caractéristique
de ces décorations se trouve dans l'entablement de l'abside : elle
consiste en trois panneaux juxtaposés, qui nous paraissent représenter,
dans le goût des antéfixes précédemment décrits, les trois tableaux du
paradis terrestre : l'arbre de la science, Adam et Ève, puis Ève seule
emportant la pomme, mais alors vêtue d'une robe qui descend jusqu'aux
genoux. Ce travail est d'un faire primitif qui ne ressemble en rien aux
sculptures analogues des chapelles romanes. La statistique (II, 1102)
dit, en parlant de ces sculptures, que les personnages, dont les
premiers sont nus, portent le costume romain.
Nous trouvons encore à
Saint Véran le puits traditionnel de 0,80 m de diamètre, surmonté d'une
petite margelle, pour le service des voyageurs, un tronçon de colonne
avec sa base en pierre, de nombreux tessons de poteries grecques et
romaines, et à 100 mètres à l'est, les tombeaux à tuiles plates, qui ne
sauraient manquer ici.
Enfin comme dernière preuve de son origine,
nous connaissons la divinité qui présidait à ce temple : des enfants, en
cherchant des nids dans ce vieil édifice, démolirent un placage
derrière lequel on avait caché une fort belle statue de Bacchus. M.
Prosper Renaux, architecte de la ville d'Avignon, la recueillit, la
donna au député de Vaucluse, et celui-ci l'emporta à Paris, où elle fut
donnée ou vendue comme objet d'art de grande valeur. Après la colonnade
qui terminait le temple, et toujours dans la direction de l'ouest,
venait une immense construction d'environ vingt mètres de long, de même
largeur que le monument, dont on voit les fondations, comme un pronaos
servant d'abri pour protéger les voyageurs qui devaient traverser la
Durance.
De la chapelle Saint Véran coupé par le canal des Alpines ;
elle passait sur une pointe de rocher dans lequel on voit les profondes
ornières des chars, et après une très abrupte descente, elle allait par
la gauche à Orgon, en suivant le vieux chemin, tandis que par la ligne
droite elle raccordait par une immense courbe à la voie primitive
d'Espagne..
Les voies romaines et massiliènnes dans le département des bouches du Rhône .